La Bible hébraïque est la source vive de la judéité dans toutes ses manifestations, qui incluent le judaïsme, le sionisme et bien d’autres choses encore. C’est la thèse – assez peu audacieuse – que j’approfondis depuis quelque temps, dans le prolongement de mon livre Du yahvisme au sionisme.
Je réponds tout de suite à l’objection selon laquelle la Bible n’est pas un livre mais une bibliothèque (Biblia est un pluriel) : c’est vrai, mais l’ensemble composé du Pentateuque, Josué, Juges, Samuel 1 et 2, Rois 1 et 2 est, dans sa composition finale, l’œuvre d’une seule école de pensée du 5e siècle avant notre ère, et les plus importants livres prophétiques comme Jérémie, Ézéchiel et Deutéro-Isaïe, appartiennent à la même période et à la même école. Malgré des nuances, il y a incontestablement une unité idéologique très forte dans la Bible hébraïque, et celle-ci est condensée dans la figure de la divinité, dont le nom principal est Yahvé.
Quant à la question de savoir si la judéité a créé la Bible ou si la Bible a créé la judéité, elle est un peu comme celle de la poule et de l’œuf, mais on peut la préciser en admettant que la Bible n’est pas l’œuvre du « peuple juif », mais celle d’une caste héréditaire de Lévites : on peut dire, en simplifiant, que les Lévites ont créé Yahvé qui a créé la judéité. Yahvé est la judéité, c’est-à-dire un système d’aliénation inventé par une élite.
Dans mon précédent article, je me suis attaqué au « cryptisme », une stratégie adaptative si bien assimilée par les juifs à travers les siècles qu’elle est presque devenue instinctive, c’est-à-dire subconsciente. « Le juif, écrivait Hilaire Belloc en 1922, prend avec une rapidité inexplicable la couleur de son environnement », moins par désir d’assimilation que par instinct de dissimulation [1]. Appliquée au domaine des idées de façon concertée et répétée, cet art de la tromperie a permis aux élites communautaires de faire passer aux yeux des Goyim – et des juifs naïfs – leur suprémacisme juif pour un universalisme grec. L’efficacité de cette stratégie a toujours dépendu du respect qu’inspirent aux Goyim la Bible hébraïque, car c’est dans la Bible que, par un tour de passe-passe d’une incroyable chutzpah, la méchante divinité qui servait aux juifs de dieu national a été travestie en Dieu suprême, créateur du Ciel et de la Terre, qui par un grand mystère se serait amouraché de quelques tribus confédérées arpentant avec convoitise les marches du Croissant Fertile il y a trois millénaires. Cette méprise d’une grossièreté diabolique est la source d’une maladie mentale gravissime dont l’humanité n’est visiblement pas prête d’être guérie. Je prétends même qu’elle est la source historique du rejet de Dieu en Occident : si Yahvé est Dieu, alors non merci !
Une autre caractéristique fondamentale du pouvoir juif est l’inversion accusatoire (ou projection accusatoire). C’est en lisant les livres de Hervé Ryssen – une somme irremplaçable – que j’en ai pris conscience. Le principe de l’inversion accusatoire consiste pour l’agresseur à se faire passer pour la victime, afin de justifier sa propre violence comme purement défensive ou rétributive. Dans chacun de ses livres, et tout particulièrement dans Le Fanatisme juif, Ryssen apporte de nombreuses illustrations de « l’intellectuel juif » qui « projette sur les autres tout ce dont il se sent coupable, y compris sa propre inclination à l’inversion accusatoire [2]. » Utilisé de façon massive et systématique, ce procédé a permis de substituer dans la conscience européenne la « question de l’antisémitisme » à la « question juive » : la raison de l’hostilité unanime des peuples envers les juifs ne serait plus à chercher dans le comportement nuisible des juifs, mais dans une mystérieuse et dangereuse névrose que partageraient tous les peuples, à l’exception évidemment des juifs.
L’inversion accusatoire est, comme le cryptisme, une ruse de l’esprit si ancrée qu’elle est devenue une seconde nature. Comme le cryptisme, elle trouve sa source dans l’idéologie biblique, c’est-à-dire dans la biographie, la personnalité et la parole de Yahvé. C’est ce que je vais ici démontrer : Yahvé est le plus cruel de tous les dieux dont l’histoire a gardé le souvenir, mais Yahvé voudrait nous faire croire que toutes les autres divinités adorées par les hommes, sans exception, sont nuisibles et méritent que leurs cultes soient éradiqués de la surface de la terre. Yahvé est le dieu infernal qui accuse tous les autres dieux (y compris le Dieu suprême adoré sous le nom de Baal Shamen) d’être des démons de l’enfer ligués contre lui, le seul vrai Dieu.
Cryptisme et inversion accusatoire fonctionnent de concert. Si, dupés par le déguisement majestueux dont les Lévites de Babylone ont affublé leur dieu national, nous prenons les paroles de Yahvé pour celles de « Dieu », alors il nous faut admettre que les religions du monde, ferments des civilisations, ont été des abominations, puisque « Dieu » les a ainsi poursuivies de sa haine.
Inversement, dès qu’avec un peu de culture sur les religions antiques, nous perçons à jour la supercherie de cette crypto-monolâtrie juive, la plus grande opération de hasbara de l’histoire apparaît pour ce qu’elle est.
Avant d’aller plus loin, je tiens à dire que je n’ai aucun plaisir à offenser la foi religieuse de quiconque. Certains chrétiens me reprochent de lire l’Ancien Testament au premier degré, sans les lunettes allégoriques du Nouveau Testament. Ma réponse est simple : lisez le Tanakh hébraïque comme bon vous semble, et convertissez les juifs à votre lecture si vous le pouvez. Mon objectif est d’expliquer comment les juifs, qui l’ont écrit, le lisent depuis 2 500 ans, et l’effet que cette lecture a sur leur vision du monde et de l’avenir, et sur celle de leurs élites cognitives en particulier. Je comprends et compatis avec les difficultés des chrétiens à participer à cet effort, mais je crois qu’il n’y aura pas de remède durable à l’influence corruptrice du sionisme international sans une enquête étiologique dépassionnée et approfondie. Pour évaluer correctement l’influence de la Bible sur ceux qui la considèrent comme leur « roman national », il faut écarter la notion selon laquelle elle a été inspirée par « Dieu » de quelque manière, car cette notion induit une dissonance cognitive qui trouble notre jugement rationnel et moral.
En fait, nous devrions peut-être renoncer à regarder la Bible hébraïque comme un livre religieux, car la catégorie de la « religion » ne rend pas compte de sa forte influence sur les juifs non religieux. Comme je l’ai souvent rappelé (ici par exemple), la plupart des dirigeants israéliens, de Ben Gourion à Netanyahou, sont non-religieux, mais leur vision du monde est néanmoins profondément biblique. C’est pourquoi elle est aussi prophétique. Ben Gourion prophétisait dès 1962 un nouvel ordre mondial centré à Jérusalem en se référant à Isaïe, et Attali a refait la même prophétie. Zemmour aussi joue au prophète national, car son logiciel secret est biblique. Netanyahou a prophétisé dès 1995 « une bombe nucléaire dans les sous-sols du World Trade Center [3] », mais Isser Harel avait déjà prophétisé avant lui, en 1980, la destruction des Tours jumelles [4]. Ce sont ces juifs « non-religieux » qui comprennent le mieux la vraie nature du prophétisme biblique : depuis 2 500 ans, il ne s’agit pas de prévoir l’histoire, mais de la programmer (en se donnant l’air de la prévoir).
La catégorie la plus appropriée pour appréhender aussi bien la Torah que la judéité n’est pas « religion », mais « alliance » (berit en hébreu, qui signifie aussi « traité » ou « serment d’allégeance »). Le fondement de la judéité est l’Alliance mosaïque et, dans une moindre mesure, l’Alliance abrahamique. Les juifs religieux croient que c’est une alliance entre « Dieu » et le seul peuple dont Il se soucie vraiment. Mais la plupart des élites intellectuelles, culturelles, financières, politiques ou criminelles juives, ceux admis par exemple dans le B’nai B’rith (« Fils de l’Alliance ») ou dans l’Alliance Israélite Universelle, admettent que c’est en réalité une alliance des juifs entre eux. Ils ne croient pas en l’existence réelle de Yahvé, sinon comme égrégore, mais ils pensent que le pacte les relie non seulement entre eux horizontalement, mais verticalement à leurs ancêtres depuis une centaine de générations. « Dieu n’a pas élu Israël, c’est Israël qui a élu Dieu », aimait dire Ben Gourion, par quoi il entendait que, indépendamment de la question de l’existence de Yahvé, les juifs se sont donné une fois pour toute le destin qui va avec « l’élection » : la domination du monde.
- Il n’existe aucune représentation de Yahvé
L’alliance mosaïque est un pacte faustien
Le récit de l’Alliance conclue entre Yahvé et les Hébreux par l’intermédiaire de Moïse au pied du Mont Horeb d’Arabie est donné dans le livre de l’Exode, dont voici un extrait (tiré de la Bible de Jérusalem comme toutes mes citations bibliques) :
« Moïse mit par écrit toute les paroles de Yahvé puis, se levant de bon matin, il bâtit un autel au bas de la montagne, et douze stèles pour les douze tribus d’Israël. Puis il envoya de jeunes Israélites offrir des holocaustes et immoler à Yahvé de jeunes taureaux en sacrifice de communion. Moïse prit la moitié du sang et le mit dans des bassins, et l’autre moitié du sang, il la répandit sur l’autel. Il prit le livre de l’Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara : “Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons.” Moïse, ayant pris le sang, le répandit sur le peuple et dit : “Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses.” » (Exode 24,4-8)
Ce type de rite de sang scellant un pacte n’était pas rare en Arabie préislamique [5]. Il s’agit, en l’occurrence, d’un pacte entre une confédération de tribus de « migrants » ou « réfugiés » (habirou en accadien, d’où dérive le nom des Hébreux) et la divinité madianite qui résidait dans le cratère fumant, crachant et grondant du mont Horeb (voir mon article à ce sujet).
Le « livre de l’Alliance » lu à cette occasion par Moïse renvoie au Deutéronome, qui contient les « discours de Moïse ». Voici deux extraits du second discours :
« Tu as obtenu de Yahvé aujourd’hui cette déclaration qu’il serait ton dieu—mais à la condition que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses lois, ses commandements et ses coutumes et que tu écoutes sa voix. Et Yahvé a obtenu de toi aujourd’hui cette déclaration, que tu serais son peuple à lui, comme il te l’a dit—mais à la condition de garder tous ses commandements ; il t’élèverait alors au-dessus de toutes les nations qu’il a faites, en honneur, en renom et en gloire, et tu serais un peuple consacré à Yahvé ton dieu, ainsi qu’il te l’a dit. » (Deutéronome 26:17-19)
« Tous les peuples de la terre verront que tu portes le nom de Yahvé et ils te craindront. Yahvé te fera surabonder de biens : fruits de tes entrailles, fruit de ton bétail et fruit de ton sol, sur cette terre qu’il a juré à tes pères de te donner. […] Tu annexeras des nations nombreuses et toi, tu ne seras pas annexé. » (Deutéronome 28:10-12)
Yahvé ne promet rien d’autre à ses tribus que l’opulence matérielle, par l’asservissement et la vampirisation des autres peuples. Les prophètes ne disent pas autre chose : « Tu suceras le lait des nations, tu suceras les richesses des rois » (Isaïe 60,16) ; « Les richesses de toutes les nations alentour seront rassemblées : or, argent, vêtements en très grande quantité » (Zacharie 14,14). On voit mal ce qui distingue Yahvé de Mammon, lorsqu’il se montre lui-même rongé par l’amour de l’argent et de l’or, qu’il veut entasser dans son Temple (sous la garde des prêtres qui parlent en son nom, on l’a compris) :
« J’ébranlerai toutes les nations, alors afflueront les trésors des toutes les nations et j’emplirai de gloire ce Temple, dit Yahvé. À moi l’argent ! À moi l’or ! Oracle de Yahvé Sabaot ! » (Aggée 2,7-8).
L’Alliance mosaïque à bel et bien la nature d’un pacte faustien, assurant au peuple élu le succès mondain en échange de son âme. Il se trouve en effet, comme je l’ai rappelé ailleurs (ici et ici), que ce même dieu Yahvé enseigne aux juifs qu’ils n’ont pas d’âme individuelle, ce qui revient à la leur confisquer.
Ce qu’exige Yahvé des juifs est l’exclusivité du culte, ce qui revient aussi à la possession de leur âme : « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi » (Exode 20,3). Mais cela n’est pas assez : Yahvé veut également que les juifs détruisent systématiquement les sanctuaires consacrés à d’autres dieux, « sur les hautes montagnes, sur les collines, sous tout arbre verdoyant. Vous démolirez leurs autels, briserez leurs stèles ; leurs pieux sacrés, vous les brûlerez, les images sculptées de leurs dieux, vous les abattrez, et vous abolirez leur nom en ce lieu » (Deutéronome 12,2-3, répété en 7,5). Cette phobie des dieux de tous les peuples enferme les juifs dans une forme collective d’autisme, car les dieux symbolisent l’âme des peuples qui les honorent. Ce commandement s’accompagne d’une stricte endogamie, dans un monde où l’exogamie implique le respect mutuel des dieux (Deutéronome 7,3). Le plus grand crime contre les Hébreux est donc de contracter avec eux des mariages, comme l’ont appris à leur dépends les Madianites massacrés en représailles (Nombres 31) ; car dans la logique hébraïque d’inversion accusatoire, cela équivaut à une tentative de génocide (« Épouser un non-Juif, c’est rejoindre les six millions [de juifs exterminés] » dit Golda Meir en bonne orthodoxie biblique) [6].
C’est en fait toute forme d’alliance avec d’autres peuples qui est proscrite. Lorsque Yahvé ordonne à son peuple : « Vous ne prononcerez pas le nom de leurs dieux, vous ne les invoquerez pas dans vos serments » (Josué 23,7), il interdit de facto toute relation de confiance avec les peuples en question, car dans le monde antique, tout traité est scellé par des serments invoquant les dieux des deux parties, qui doivent être compatibles. Or Yahvé n’est compatible avec aucun dieux [7].
C’est dans le code de la guerre de Yahvé que se révèle le mieux sa monstruosité. Yahvé ordonne d’exterminer, dans les villes rebelles de Palestine, « tout ce qui respire », hommes et bêtes indistinctement (Deutéronome 20,13-18), et c’est ce qui est appliqué aux habitants de Jéricho par Josué (Josué 6,21) et aux Amalécites par Saül (1 Samuel 15,3). Quant à David, l’élu du peuple élu, il fit sortir les habitants de Rabba et « les mit en pièces avec des scies, des herses de fer et des haches, et les fit passer par des fours à briques » (2 Samuel 12,31 et 1 Chroniques 20,3). (Je cite ici la traduction de l’hébraïsant Louis Second, 1910, que confirment toutes les autres traductions érudites [8] ; ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale qu’on falsifia le texte pour lui faire dire que David avait mis ses prisonniers à la fabrication de briques en leur confiant des scies, des pics et des haches).
Excuser ces horreurs par la dureté des temps anciens est absurde. Aucune autre nation n’avait jamais traité ses ennemis avec une telle inhumanité. Aucune, du moins, ne s’en est vantée dans ses chroniques. Même à l’aune des pratiques du premier millénaire, les lois de la guerre de Yahvé sont la négation de la civilisation. La norme était la captivité des vaincus, l’exception, la mise à mort des seuls combattants : les Assyriens, dont le dieu militaire Assur n’était pas un tendre, n’ont pas massacré les Israéliens, mais les ont déportés, et les Babyloniens ont fait de même avec les Judéens, qui ont pu préserver leurs traditions et prospérer sur les rives de l’Euphrate.
- Soldat assyrien avec ses prisonniers entiers
Nous avons besoin d’une relecture révisionniste de l’Israël antique. La Bible dépeint toutes les nations côtoyées par Israël comme de monstrueux idolâtres aux mœurs répulsives. Inversion accusatoire ! Les Égyptiens, ennemis archétypaux des Hébreux, avaient construit la première grande civilisation, et introduit la culture du blé dans le monde. Le symbolisme animalier de leurs dieux est peut-être bizarre à nos yeux, mais leur spiritualité était considérée par les Grecs eux-mêmes comme le berceau de leur philosophie. Les Égyptiens concevaient leurs dieux comme des êtres sociaux, dont l’harmonie conditionnait la paix sociale. Pour tenter de comprendre le dieu jaloux et théoclaste des juifs, ils l’ont identifié au dieu Seth, frère cadet et assassin d’Osiris, banni par le conseil des dieux dans le désert, d’où il apporte la famine et la guerre [9].
Baal et le serpent
La meilleure illustration de l’inversion accusatoire à laquelle se réduit le discours de Yahvé est sans doute sa diabolisation d’Asherah, la Reine du Ciel. Je renvoie à mon récent article sur ce sujet : la Grande déesse, sous des noms multiples, était tenue pour embrasser tous les hommes et favoriser leur concorde. Il n’y a aucune raison objective d’accepter le jugement négatif que la Bible porte sur elle.
Il en va de même du dieu Baal. Le mot araméen ba’al signifie simplement « seigneur », et peut s’appliquer à toute divinité, mais la Bible vise particulièrement Baal Shamen (ou Baalshamin), le « Seigneur céleste », identifié au Dieu suprême dans toute la Syrie et jusqu’en Égypte et à Rome [10]. C’est le général Jéhu, originaire de Judée, qui après un putsch contre la dynastie d’Omri qu’il fit exterminer, imposa pour la première fois en Israël le culte de Yahvé comme « baal » national [11]. Il est salutaire de rappeler la façon dont, selon le premier livre des Rois, chapitre 18, le prophète Élie est censé avoir fait triompher Yahvé sur Baal Shamen. Il lança à 450 prêtres de Baal le défi de conjurer la foudre sur un holocauste de taureau : « Le dieu qui répondra par le feu, c’est lui qui est Dieu (Elohim). » Les prêtres de Baal s’épuisent en vaines incantations, alors qu’Élie fait facilement descendre la foudre de Yahvé sur son offrande préalablement arrosée d’eau. Puis il égorge de sa main les prêtres de Baal. Yahvé triomphe dans ce bain de sang : Hallelujah ! (« Louez Yahvé ! »). Reconnaissons encore ici l’inversion accusatoire : ce sont bien les adeptes de Yahvé qui, tels des salafistes forcenés, se livrent à un massacre de 450 prêtres. Que reproche la Bible à ces prêtres de Baal ? Ont-ils massacré, ou seulement persécuté des prêtres yahvistes ? Rien n’est dit de tel.
Il est d’ailleurs ironique de voir Yahvé, à l’origine un dieu tribal sorti d’un volcan, s’en prendre à Baal Shamen, dont le nom suggère qu’il s’agissait, dans l’esprit des Cananéens, du Dieu suprême (le Père céleste, dit-on aujourd’hui). Baal Shamen a essentiellement la même signification que « Dieu du Ciel » (Elohe ha-Shamayim en hébreu, Elah shemayya en araméen), titre que les judéo-Babyloniens se sont mis à revendiquer pour leur dieu à l’époque perse (voir mon article précédent). Ainsi, par cryptisme, on fait passer Yahvé comme le Dieu suprême pour berner les Perses dont dépend l’entreprise de colonisation de la Palestine, mais, par inversion accusatoire, on diabolise le vrai Dieu suprême en Palestine pour justifier la dictature de Yahvé et de son peuple élu.
- Le temple de Baal Shamen à Palmyre, détruit en 2015 par Daech, qui fait « du bon boulot » pour Yahvé
La mythologie de Baal Shamen était très proche de celle d’Osiris : tous deux sont à la fois, avec leur sœur-épouse, des dieux de la fertilité et de la résurrection, en lutte perpétuelle contre un frère ennemi qui apporte la sécheresse, la discorde, la maladie et la mort. Le baalisme était une religion morale portée sur la préparation à l’après-vie, une notion à laquelle le yahvisme est farouchement opposé [12]. Du point de vue des Syriens adeptes de Baal, comme de celui des Égyptiens, le déni de l’immortalité de l’âme et la préoccupation exclusive pour les biens terrestres, faisaient de la religion de Yahvé une anti-religion. Mais les yahvistes, eux, s’efforcent de diffamer le baalisme en l’associant à la « nécromancie », et en le mettant en scène sous les traits du serpent de Genèse 3. Aucune preuve n’existe que Baal Shamen était associé à un culte du serpent (en revanche, les Israélites adoraient un serpent d’airain associé à Moïse, jusqu’à ce qu’Ézéchias le « mit en pièce » 2 Rois 18,4), mais la façon dont le rédacteur biblique fait parler le serpent renvoie de façon à peine voilée au culte de Baal Shamen.
Lorsqu’il offre aux premiers humains le moyen de « connaître le bien et le mal » pour « ne pas mourir » et « être comme des dieux (elohim) », le serpent emprunte le langage du baalisme et de la plupart des grandes religions de son temps, dont le but le plus élevé était de préparer les hommes au grand passage, vaincre l’anéantissement par la résurrection (l’anastasis des Grecs) : dans ce contexte, les « dieux » désignent simplement des êtres immortels. Or, selon le rédacteur de la Genèse, la vie terrestre était la seule prévue par Yahvé, et elle était prévue pour durer éternellement (si seulement Adam n’avait pas mangé le fruit défendu). Il accuse donc le serpent d’avoir apporté la mort en ce monde (ainsi que le travail, qu’il décrit comme une malédiction) : inversion accusatoire, puisque c’est précisément Yahvé qui, en détruisant l’espoir d’une vie après la mort, proclame la victoire de la mort-anéantissement.
Je sais bien qu’en écrivant ces lignes, je m’attire l’accusation de prendre le parti du serpent, c’est-à-dire du diable. Accusation ridicule ! Je me place sur le plan de l’histoire des religions antiques et de leurs polémiques, dans une approche révisionniste permettant de restituer la vérité des cultes dont le yahvisme, le grand vainqueur de cette guerre des dieux, a déformé ou effacé la mémoire. Et je fais remarquer en passant que les Pères grecs de l’Église ont insisté sur la « déification » de l’homme (theosis), rendue possible depuis que « Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne Dieu », selon la formule consacrée [13]. Le serpent de la Genèse était moins radical.
Yahvé-Molech et les sacrifices humains
Pour mieux comprendre comment Yahvé fonde sa réputation sur l’inversion accusatoire, intéressons-nous maintenant à un dieu obscur connu sous le nom de Molech ou Moloch, à qui, dit-on, des populations cananéennes offraient leurs premiers-nés en holocauste. Depuis toujours, l’histoire d’Isaac épargné par Yahvé (Genèse 22) permet de comparer favorablement Yahvé à Molech, et de prétendre que le yahvisme marquerait un progrès civilisationnel : « La substitution d’un bélier à Isaac, lors du “sacrifice” d’Abraham, marque l’abandon des sacrifices humains par la civilisation naissante », lit-on dans Wikipédia (article « Sacrifice »).
Mais les historiens de la Bible font aujourd’hui une autre lecture des passages se rapportant à Molech : ce dieu anthropophage ne serait en fait que Yahvé lui-même, une identité que les scribes de l’époque perse aurait mal camouflée. La démonstration, que j’emprunte ici au bibliste suisse Thomas Römer, est simple. Il y a d’abord l’argument philologique : le nom mlk, vocalisé en Molek dans le texte massorétique (la Bible du 9e siècle qui a introduit les voyelles dans l’hébreu), en Molok dans certaines traductions, mais en Mèlek dans la Septante grecque, est identique au mot hébreu pour « roi » (vocalisé Mèlek), qui est appliqué plus de cinquante fois à Yahvé, et que l’on retrouve dans des noms hébreux comme Abimélek (« Mèlek est mon père » Genèse 20,2) ou Élimélek (« Mèlek est mon dieu » Ruth 1,2). L’idéologie biblique postule que Yahvé est le vrai roi d’Israël, et qu’il n’a accordé un roi humain aux douze tribus qu’à contrecœur (1 Samuel 8,7). Le roi humain n’est que le vicaire de Yahvé, et sa royauté ne l’autorise qu’à faire exécuter ses ordres à la lettre (ainsi, la royauté est retirée à Saül parce qu’il a épargné le roi des Amalécites quand Yahvé lui avait ordonné de ne laisser aucun survivant, 1 Samuel 15). Mèlech est donc une ancienne désignation de Yahvé (comparable à Adonaï, « Seigneur »). L’acclamation Yahweh mèlek ! figure encore dans des prières juives.
La seconde partie de la démonstration s’appuie sur plusieurs versets bibliques où le nom de Yahvé est compromis avec celui de Molech/Molèk dans les sacrifices d’enfants : « Tu ne livreras pas de tes enfants à faire passer à Molèk, et tu ne profaneras pas ainsi le nom de ton Dieu. Je suis Yahvé » (Lévitique 18,21).
L’interdit est répété dans les versets 20,2-5 du même Lévitique, qui décrètent la mise à mort de quiconque « livre de ses fils à Molèk », car « il aura souillé mon sanctuaire et profané mon saint nom ». Il est clairement question ici de sacrifices d’enfants faits en l’honneur de Yahvé, dans le sanctuaire de Yahvé. Certes, ces sacrifices ne sont mentionnés que pour être interdits, mais l’interdit prouve la pratique. Le livre de Jérémie confirme que « les fils de Juda ont fait ce qui me déplaît—oracle de Yahvé. Ils ont installé leurs Horreurs dans le Temple qui porte mon nom, pour le souiller ; ils ont construit les hauts lieux de Tophèt dans la vallée de Ben-Hinnom [sud de Jérusalem], pour brûler leurs fils et leurs filles en l’honneur de Molèk—ce que je n’avais point ordonné, ce à quoi je n’avais jamais songé » (Jérémie 7,30-31). « L’auteur de ce passage, commente Römer, affirme que Yhwh n’a jamais ordonné de sacrifices d’enfants, ce qui signifie que, pour ses adversaires, Yhwh avait bel et bien exigé de tels sacrifices. » Plusieurs rois d’Israël et de Judée sont d’ailleurs nommés comme ayant offert leurs fils en holocauste (1 Rois16,34 ; 2 Rois 16,3 ; 2 Rois 21,6). Ces données sont suffisantes, selon Römer, pour conclure que des sacrifices d’enfants étaient offerts à Yhwh-Mèlek avant l’Exil à Babylone.
« À l’époque perse, les sacrifices humains deviennent tabous et l’on essaie de les dissocier du culte de Yhwh. Dans la même perspective, les massorètes changeront plus tard Mèlek en Molek [14]. »
Un rédacteur du livre de Jérémie a dupliqué le verset 7,31 cité plus haut pour déresponsabiliser davantage Yahvé de ces rites et les mettre sur le compte de Baal :
« Ils ont construit des hauts lieux de Baal, pour consumer au feu leurs fils, en holocauste à Baal ; cela je ne l’avais jamais ordonné, je n’en avais jamais parlé, je n’y avais jamais songé ! » (Jérémie 19,5).
Il n’existe aucune indication dans les sources extra-bibliques que Baal ait été associé à des sacrifices d’enfants. Yahvé est pris en flagrant délit de mensonge, puisqu’il admet à Ézéchiel, à la même époque :
« Et j’allai jusqu’à leur donner des lois qui n’étaient pas bonnes et des coutumes dont ils ne pouvaient pas vivre, et je les souillai par leurs offrandes, en leur faisant sacrifier tout premier-né, pour les frapper d’horreur, afin qu’ils sachent que je suis Yahvé » (Ézéchiel 20,25).
Ce verset peut être considéré comme une preuve de l’identité de Yahvé et de Mélek.
Durant l’Exil, les sacrifices humains leurs étant probablement interdits, les Lévites les ont déclarés « rachetables » par une offrande animale. On lit dans le livre de l’Exode :
« Tout être sorti le premier du sein maternel est à moi : tout mâle, tout premier-né de ton petit ou de ton gros bétail. Les premiers ânons mis bas, tu les rachèteras par une tête de petit bétail et si tu ne les rachètes pas, tu leur briseras la nuque. Tous les premiers-nés de tes fils, tu les rachèteras, et l’on ne se présenteras pas devant moi les mains vides » (Exode 34,19, aussi Exode 13,11-13 et Lévitique 27,26).
Comme dans un palimpseste, nous lisons ici deux choses : dans l’ancien yahvisme, les premiers-nés des hommes et des bêtes étaient sacrifiés à Yahvé, tandis que dans le yahvisme réformé, certains peuvent être « rachetés » par une offrande de substitution. Nombres 18,15 déclare rachetables tous les « animaux impurs » (impropres à la consommation), mais interdit le rachat « des premiers-nés de la vache, de la brebis et de la chèvre », qui sont destinés à la consommation des Lévites.
Selon le second Livre des Rois, ce serait Josias (-640-609), le dernier grand roi de Judée avant l’Exil, qui aurait aboli les sacrifices d’enfants, « pour que personne ne fît passer son fils ou sa fille par le feu en l’honneur de Molek » (2 Rois 23,10). Mais on s’accorde aujourd’hui sur le fait que la « réforme de Josias », inspirée par la découverte fortuite, à l’occasion de travaux dans le Temple, du « rouleau de la Loi (Torah) » écrit par Moïse (2 Rois 22), est pour l’essentiel une fiction inventée par les Lévites judéo-babyloniens. Ce sont eux, plus probablement, qui ont définitivement renoncé aux sacrifices humains et en ont recouvert le souvenir dans leur travail éditorial.
Ils ont, par la même occasion, renforcé l’autorité de leur caste héréditaire, qui apparaît maintenant étroitement liée au « rachat » des premiers-nés : Yahvé déclare à Moïse avoir « choisi les Lévites au milieu des Israélites, à la place de tous les premiers-nés, de ceux qui chez les Israélites ouvrent le sein maternel ; ces Lévites sont donc à moi. Car tout premier-né m’appartient […] aussi bien ceux des hommes, que ceux du bétail. Ils sont à moi ; je suis Yahvé” » (Nombres 3,12-13).
- Représentation fantaisiste de Moloch
Du sacrifice au huitième jour à la circoncision au huitième jour
Pour justifier ou expliquer l’abandon des sacrifices humains, les Lévites babyloniens ont inventé l’histoire de Yahvé ordonnant à Abraham de sacrifier son premier fils Isaac, puis l’en empêchant. Abraham est inconnu des prophètes pré-exiliques, ce qui tend à prouver que sa légende biblique, sinon le personnage lui-même, est une invention de l’Exil. Né en Mésopotamie où il aurait reçu de Yahvé son acte de propriété sur la Palestine, il a été conçu pour servir de modèle à la colonisation de la Palestine par les Judéo-Babyloniens sous la houlette d’Esdras.
C’est dans le même contexte mésopotamien que les Lévites introduisirent la circoncision au huitième jour (qu’une tradition rabbinique considère d’ailleurs comme un substitut au sacrifice d’Isaac, bien que, selon la chronologie biblique, le commandement de la circoncision vient avant le sacrifice d’Isaac) [15].
L’invention tardive de la circoncision infantile explique qu’elle constitue l’unique commandement de l’Alliance abrahamique (Genèse 17), qui est, sur le plan rédactionnel, une clause ajoutée tardivement à l’Alliance mosaïque. Le fait que la circoncision au huitième jour soit un substitut au sacrifice du nouveau-né mâle est manifeste dans ce verset, qui précise que les premiers-nés devaient être offerts à Yahvé le huitième jour : « Le premier-né de tes fils, tu me le donneras. Tu feras de même pour ton gros et ton petit bétail : pendant sept jours ils restera avec sa mère, le huitième jour tu me le donneras » (Exode 22,28-29).
La circoncision n’était pas en soi une nouveauté. Elle était inconnue en Mésopotamie, mais était pratiquée en Égypte sur les garçons pubères (voir mon article). Elle était également connue en Syrie, et il est raisonnable de supposer que les Judéens, ou une partie d’entre eux, la pratiquaient de la même manière que leurs voisins arabes. C’est ce que laisse entendre le Livre de Josué : c’est lorsque les Hébreux furent installés dans la Terre Promise que « Josué se fit des couteaux de silex et circoncit les Israélites sur le Tertre des Prépuces » (Josué 5,3) [16].
Il est facile de comprendre pourquoi les Lévites qui légiféraient sur la communauté judéenne en Mésopotamie ont accordé à la circoncision la valeur d’un marqueur d’identité ethnique, dans un pays où personne d’autre ne le pratiquait. Mais pourquoi ont-ils introduit la nouveauté radicale de la pratiquer sur les nouveau-nés ? Très probablement pour remplacer le sacrifice du premier-né au huitième jour. Mais on peut aussi supposer que circoncire les nouveau-nés plutôt que les garçons pubères permettait de réduire le pourcentage de juifs qui choisissaient de s’assimiler à la culture mésopotamienne et persane. Le chapitre 44 du livre de Jérémie montre que les Judéens qui avaient trouvé refuge en Égypte étaient enclins à abandonner le culte national de Yahvé et à se tourner vers le culte plus universel de la Reine du Ciel. La situation était probablement comparable à Babylone où, en plus, la circoncision n’était pas dans les mœurs. Forcer les parents à circoncire leurs enfants mâles au huitième jour (à défaut de les forcer à sacrifier le premier) était peut-être un moyen d’endiguer la tendance assimilationniste. De plus, la circoncision au huitième jour ne marque pas seulement l’Alliance dans la chair ; elle la grave dans les couches les plus inaccessibles du subconscient, à travers une castration symbolique accompagnée de douleur insoutenable. Elle a une valeur traumatique sans doute supérieure encore à l’obligation faite aux parents de sacrifier leur premier fils.
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Conclusion
L’identité originelle de Yahvé et Molèk est une thèse incertaine et contestable, bien que le dossier soit assez solide. Également sujette à débat est la date de l’abolition des sacrifices humains ordonnés par Yahvé, et sa relation avec la circoncision au huitième jour, que je propose ici comme hypothèse. Mais l’inversion accusatoire qui caractérise le yahvisme est, je crois, bien démontrée. Aucun des dieux contre lesquels s’acharne Yahvé ne présente, que l’on sache, des symptômes de psychopathie comparables aux siens. La Bible, d’ailleurs, ne porte aucune accusation précise contre Baal et Asherah, ses principales cibles en Syrie. Quant au terrifiant Assur, le dieu national des Assyriens contre lequel Yahvé enrage (« Je briserai Assur dans mon pays, je le piétinerai sur mes montagnes » Isaïe 14,25), c’était un ange comparé au dieu génocidaire des juifs, comme je l’ai dit.
Mes analyses sur le yahvisme s’appuient sur la critique historique de la Bible hébraïque, née il y a deux siècles environ et enrichie par l’archéologie et l’épigraphie. J’ai cité ici le Suisse Thomas Römer, mais ses conclusions s’accorde avec le consensus général du monde universitaire sur l’origine du monothéisme hébraïque. Libre à chacun de mépriser cette recherche, ses méthodes et ses progrès. Pour ma part, j’y trouve une révélation de la plus haute importance. La critique historique a démontré, selon les termes de Römer, que le dieu juif n’est qu’ « un dieu, localisé à l’origine sans doute quelque part dans le “Sud” [de la Judée], entre l’Égypte et le Néguev, qui est d’abord un dieu lié à la guerre et à l’orage et qui devient petit à petit le dieu d’Israël et de Jérusalem, pour devenir après une catastrophe majeure, la destruction de Jérusalem et de Juda, le seul dieu, créateur du ciel et de la terre, dieu invisible et transcendant, qui clame cependant qu’il entretient avec son peuple une relation particulière [17] ».
Le titre du livre de Römer, L’Invention de Dieu, n’est évidemment pas satisfaisant pour quelqu’un qui croit en l’existence de l’Être suprême. Dans une optique théiste, il y a deux manières d’interpréter l’évolution du concept de Dieu chez les juifs. La première est celle de la « révélation progressive » : ce que les Hébreux pré-exiliques prenaient pour leur dieu national, « le dieu de leurs ancêtres » apparu au Sinaï, était bien le Dieu suprême, mais ils ne le savaient pas encore. La seconde est celle de l’imposture : les scribes lévitiques qui ont rédigé la Bible à l’époque perse, peut-être sous la direction d’Esdras, ont abusivement fait passer leur dieu xénophobe pour le Dieu suprême dans le but de revendiquer le statut de « peuple élu ». C’est la thèse qui me semble la plus solide.
Réjouissons-nous de cette bonne nouvelle de la critique historique, car elle seule est propre à nous libérer de l’aliénation mosaïque : le dieu d’Israël qui se fait passer depuis 2 500 ans pour « Dieu » est un imposteur ou, si l’on préfère, une imposture. Quiconque en est dupe est l’instrument du pouvoir juif, car le pouvoir juif s’appuie en dernier ressort sur le respect inculqué aux Goyim pour ce « peuple de Dieu », et sur la sanctification de son « histoire sainte ». Yahvé est le pouvoir juif, et il tient le christianisme par l’Ancien Testament. Tranchons-lui la tête une bonne foi pour toute, et tout rentrera dans l’ordre.
Est-ce là un discours athée ? Bien au contraire ! Il s’agit de débarrasser Dieu de cette diabolique supercherie qui en a si bien corrompu l’idée qu’elle est la source indirecte de l’athéisme. Baudelaire avait tort en disant que « la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas » (Le Spleen de Paris, 1862). En réalité, sa ruse suprême a été de se faire passer pour Dieu.